LES ORIGINES DU NOM ORCHAISE
La légende de la Chaise en Or cachée dans la grotte d’Orchaise
Une importante station moustérienne, située en grande partie sur le plateau d’Orchaise, a livré de nombreux silex taillés et polis.
Les Gaulois utilisaient les grottes autour d’ORCHAISE et dans le bourg comme lieu d’habitations, de refuge ou de culte.
La grotte la plus célèbre se trouve en face du moulin d’Orchaise sur la vallée de la Cisse, elle s’ouvre d’une entaille haute d’environ 2 étages, l’étage supérieur, situé au niveau de la Cave aux Renards et qui est l’étage fossile (c’est à dire qu’il n’est plus fonctionnel), et l’étage inférieur, toujours parcouru par la rivière, et qui constitue l’étage actif, d’où jaillit l’abondante fontaine d’Orchaise. Lui seul permet de parcourir la grotte de bout en bout, car l’étage fossile est interrompu à divers endroits par des effondrements de voûte. Ces deux étages sont tantôt superposés dans une même galerie formant une sorte de canyon, tantôt séparés.
L’entrée de la Fontaine est occupée par les ouvrages qui ont permis jadis le captage de la rivière : barrage et bassins de décantation avec leurs filtres à graviers.
En 1948, les spéléologues sont entrés dans la grotte jusqu’à une profondeur de 420 m de l’entrée. Régulièrement des descentes sont effectuées.

Cette caverne près de la Cisse cacherait dans ses entrailles une chaise en or. Mais pas n’importe quelle chaise en or ! La chaise du Roi Dagobert.
Pour d’autres il s’agirait plutôt de la chaise en or de Jules César [1].
Le grenier de César
Rabouin [2], en 1978, évoque Horrea Caeseris, le grenier de César. En 1985, De La Vallière [3], propose Orchaestrae (Horreum Caeseris), car d’après les anciennes écritures (?), Orchaise aurait été le grenier à César, comme Herbault aurait été l’herbier (Herbarium) [4].
Encore un trésor
En 1910, Van Den Boeck, Martel et Rahir [5] envisagent une déformation de "Or - Chèvre", faisant allusion à un trésor contenu dans une peau de chèvre cousue, selon une légende qui se retrouverait pour plusieurs cavernes de France et de Belgique.
Maison du diable ou maison de Dieu ?
Les différentes étymologies précédentes, qui ne s’appuient sur aucun texte, seront qualifiés de fantaisistes par E.C. Florance [6], qui relève dans le carticulaire de l’Abbaye de Marmoutier, la mention de Orcicasa. Ce nom est aussi présent en 1060, dans la charte de la fondation de l’Église d’Orchaise. Il signifierait la maison d’Orcus, le dieu gaulois des enfers, équivalent de Pluton chez les Romains et Hadès chez les Grecs !
Cette Origine est confirmée par G. Hanoteaux [7] en 1938, qui rapporte que Saint Martin aurait accompli, près de la grotte, un de ses plus fameux miracles : "SULPICE SEVERE" [8] ; Le saint évêque ayant voulu abattre un arbre sacré, quia esset daemoni dedicata, le prêtre du malin s’y opposa : - Si tu fais tant confiance à ton Dieu, dit-il, nous couperons le pin nous-même et tu te mettras dessous. Saint Martin accepte et vient se placer du côté où l’arbre penche. Déjà sous les coups répétés, le pin s’incline, il va tomber, lorsque Saint Martin, d’un seul signe de croix, le redresse, et l’arbre, comme s’il eut été repoussé par un violent coup de vent, s’abat sur les païens. En souvenir de ce miracle, une chapelle encore visible sous les broussailles fut élevée près de l’antre du Malin.
Il est dit que la maison du diable, OrciCasa devint alors la maison du bon Dieu, littéralement la maison d’or (Aureus Casa). Et un siècle plus tard c’est bien Auricasa que l’on retrouve dans certains textes…
Listes des noms relevés dans les textes
Quelques 10 formes orthographiques différentes d’Orchaise, ont pu être relevé dans différents textes et en particulier dans le cartulaire Blésois de Marmoutier :
- Oricasa (11è Siècle) : Maison du diable
- Aurea Casa (12ème Siècle) = Maison dorée
- Auricasa, Auricaza ou Auri Caza (12è,13è et 16 è siècles) Maison de Dieu ou maison dorée
Plusieurs formes au sens incertain et plus ou moins proches de la prononciation usuelle :
- Orchesa (12è Siècle)
- Orchesium (13è Siècle)
- Orchese (13è Siècle)
- Orcheze (14-15è Siècle)
- Orchesia (13è Siècle)
- Orchiese (13è Siècle)
- Orchaize (1774, Bail du Chapitre de Marmoutier)
[1] VRILLON H. - 1974 - La grotte d’Orchaise. Vallée de la Cisse[2] RABOUIN - 1879 - Essai d’une notice concernant la commune d’Herbault. Manuscrit, copie aux archives du Loir et Cher[3] DE LA VALLIERE - 1885 - Les galeries souterraines des Carnutes dans la Gaule centrale. Imprimerie Lecesne, Chateaudun[4] CARTRAUD J, - 1981 - Les légendes du Loir et Cher, PUF, Vendôme : 171-172[5] VAN DEN BROECK E., MARTEL E.A. et RAHIR E. - 1910 - Les cavernes et les rivières souterraines de la Belgique. Bruxelles : 850[6] FLORANCE E.C. - 1925 - L’archéologie préhistorique, protohistorique et gallo-romaine du Loir et Cher 4ième partie. Bulletin de la société d’histoire naturelle du Loir et Cher,18 ; 259-261[7] WEELEN J.E. - 1938 - Gabriel Hanoteaux et le Prieuré d’Orchaise. L’illustration, 4997, 10/12/1938 : 503-505[8] SULPICE SEVERE - Vième siécle - Vita Beati Martini